Allaiter un bambin c'est possible et bon pour tout le monde maman comme enfant

Allaiter un bambin, est-ce dire toujours OUI ?

J’aime accompagner l’allaitement au fil du temps. Voir « grandir » de concert maman et bébé. Aider dans leurs découvertes les femmes qui peu à peu se dirigent vers un projet d’allaitement non-écourté*, qu’il soit envisagé dès le début ou non.

S’il y a un truc incroyable avec ce super pouvoir féminin qu’est l’allaitement, c’est qu’il est changeant tout au long de sa durée : on n’allaite pas un nourrisson comme on allaite un bébé de 8 mois ou encore un bambin… Bébé grandit, ses besoins évoluent, ses acquisitions se multiplient, ses ressources émotionnelles se développent, ses centres d’intérêt se diversifient, bref le nouveau-né n’a strictement rien à voir avec le petit de 13, 15, 18 mois ou plus.

Une parentalité qui évolue avec l’allaitement

A mon sens, l’allaitement non-écourté favorise un cheminement « corps à corps » dans la parentalité : la mère peut prendre conscience très directement des évolutions de son tout-petit et de ses besoins. Et y répondre de plus en plus, au fil du temps, de façon diversifiée : un aliment solide ou une autre boisson, un câlin ou une caresse de papa ou maman, une partie de chatouilles, une activité intéressante, dire oui « quand il fera jour », ou « quand il fera nuit », ou « quand on sera à la maison », etc, autant de repères très concrets pour l’enfant.

Ou pas…

Parfois, en effet, il va être difficile à la maman d’envisager le passage d’un allaitement dit « aux signes d’éveil » ou « à la demande » à un allaitement dit « à l’amiable »**.

Peut-être ne connaît-elle d’ailleurs même pas cette dernière possibilité.
Peut-être que la facilité de réponse qu’est la tétée à de multiples besoins de son enfant (la faim, la soif, la peur, la douleur, le câlin…) va lui simplifier tellement la tâche qu’elle n’en envisagera pas d’autres.
Peut-être que la fatigue du post-partum, de la reprise du travail, de la charge mentale, ne la laissera jamais souffler et répondre « oui » pour une tétée lui permettra, à elle aussi, une pause salutaire.
Peut-être encore que l’autre parent ne sait ou ne veut pas prendre sa place et aider à trouver une autre réponse.
Peut-être aussi qu’il est si facile à l’entourage (et pratique je le reconnais) de dire « je ne peux rien faire, tu l’allaites » ou bien  « Il n’y a que toi qu’il/elle veut ».
Peut-être enfin, que les injonctions de toutes sortes pour une parentalité nommée « bienveillante » vont l’inviter à oublier son envie profonde et à dire oui systématiquement même si elle n’en a pas envie, même si ce n’est ni le lieu ni le moment pour elle, même si d’autres réponses pourraient être totalement adaptées.

Du soutien et non des critiques

Ces mamans peuvent se retrouver perdues dans leur parentalité. Car leur difficulté à s’écouter vraiment, à réussir à dire non à leur enfant va se retrouver dans plein d’autres aspects de leur vie. Une avalanche de critiques peut alors leur tomber dessus : « elle se fait mener par le bout du nez » ; « elle répond à tous ses caprices » ; « elle pourrait faire des efforts pour retrouver une vie sociale » ; « c’est un tyran son enfant » ; « t’as vu elle l’allaite encore, c’est pour ça ». Car évidemment, en France, le vrai fautif dans tout cela, ce sera l’allaitement non-écourté. C’est ce que dira la grand-mère, le psy, la voisine, les copines ou le conjoint. Et si au lieu de montrer du doigt on soutenait ? Et si au lieu de critiquer on accompagnait ? Et si au lieu de condamner on ouvrait des portes, des pistes de réflexion, de l’écoute sincère, du temps juste pour elle ? Parce qu’en fait, c’est cela la vrai difficulté d’une maman « qui ne sait pas dire non » : une immense solitude qui, elle, ne dit pas forcément son nom…

 

*En France on va dire que c’est « déjà » au-delà de 6 mois, dans le monde c’est jusqu’au moins 2 ans voire au-delà. L’allaitement non-écourté est bénéfique à tout le monde : source de réconfort incomparable et cocktail d’anticorps, le lait maternel n’a pas de date de péremption. A noter que le fait d’allaiter de façon non-écourtée est également profitable à la santé de maman.

**Allaitement « à l’amiable » : maman ET bambin sont ok TOUS LES DEUX sur le moment et/ou le lieu de la tétée.

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